Une Femme Seule – 2019

DIFFUSION DU SPECTACLE ARRÊTÉE


Il nous est malheureusement impossible aujourd’hui de vous proposer ce spectacle du fait du retrait des droits par les héritiers de Dario Fo et Franca Rame.

Courant 2018, nous avions adressé à la SACD une demande d’autorisation et nous indiquions les directions de mise en scène en ces termes : « (…) nous monterons Une Femme seule à la manière d’une téléréalité où la protagoniste ne sait pas qu’elle est l’objet d’une émission. Le public sera placé en réelle position de spectateurs par rapport à ce témoignage, drôle à mesure qu’il est bouleversant. Pour ce faire elle sera au centre d’un dispositif scénique figurant un plateau TV / arène, duquel elle ne peut s’évader. Elle sera filmée en continu par des binômes de spectateurs.trices qui utiliseront leur propre téléphone portable pour le faire et qui changeront toutes les dix minutes. Ces flux vidéos seront envoyés et mixés en direct par le réalisateur. Ces images seront projetées sur des télévisions et/ou un écran via un vidéoprojecteur. Le réalisateur dirigera ces cameramen, organisera la montée dramatique du texte en prenant en charge l’ensemble des didascalies du texte, laissant cette femme, seule, avec ses mots. »

Les droits nous avaient été accordés pour une année, renouvelable, à partir du 12 novembre 2018. Nous avons envoyé un DVD du spectacle en mars 2019, comme l’exigeait les ayants-droits de Dario Fo.

Lors de notre demande de renouvellement dr droits, il nous a été répondu ceci :

« La mise en scène du spectacle accompagnée d’images réalisées avec des téléphones portables et de projections est très dérangeant, les choix faits par le réalisateur sont très éloignés de la version originale. Les représentants de l’auteur pourraient revoir votre dossier, si et seulement si vous effectuez ces modifications et que vous adressez une nouvelle vidéo, il faut que le spectacle soit plus fidèle à la version originale et que le tournage avec les téléphones portables soit enlevé. »

Les droits nous ont été ainsi retirés et nous ne pouvons plus jouer la pièce sous peine de poursuite.

Nous ne sommes pas les premiers à subir ce genre d’abus et Laetitia Dumont-Lewi, de l’Université Lyon 2 a consacré une longue étude sur le sujet. Elle pointe entre autre :

« On peut effectivement comparer les déboires de ces compagnies françaises à ceux de Fo quand il a voulu modifier le texte de L’Opéra de quatre sous de Brecht. En 1981, le Berliner Ensemble l’invite à mettre en scène cette pièce. Après avoir demandé que la musique de Kurt Weill soit remplacée par des chansons de rock, ce que la fille de Brecht réussit à obtenir de la veuve du compositeur, Fo commence à adapter les situations de l’oeuvre originale à des sujets d’actualité, en modifiant sensiblement le texte. Les ayants droit de Brecht ne le supportent pas, et Dario Fo doit rentrer dans ses foyers sans avoir mené le projet à terme. Mais il le transforme, une fois rentré en Italie, dans la comédie musicale L’Opera dello sghignazzo. Il déclare alors qu’il s’agit d’une adaptation non de la pièce de Brecht, mais de L’Opéra du gueux de John Gay dont le dramaturge allemand s’est inspiré – et qui appartient au domaine public. Dans la note de mise en scène qui introduit la publication de L’Opera dello sghignazzo, Dario Fo explique qu’il n’a voulu que suivre les préceptes de Brecht contre la sacralisation des classiques et en faveur de l’adaptation des textes à l’actualité, dans une diatribe qui se conclut ainsi : « c’est une chose de proclamer des maximes que, quand il était encore en vie, le « maître » hurlait à ses collaborateurs, c’en est une autre de les appliquer aujourd’hui, en se heurtant à la caboche de sa famille, retranchée sur le perchoir du « droit d’auteur ». Bref, au bout du compte, c’est toujours une sordide histoire de pouvoir et de finance. C’est comme ça que le « musée » demeure intact avec ses statues de marbre. « 

Aujourd’hui quiconque souhaite monter Dario Fo se heurte à la caboche de ses ayants-droits. Mais c’est pourtant bien Dario Fo lui-même qui a initié ce mouvement en interdisant à quiconque de jouer les traductions de Valeria Tasca, les premières, pour n’autoriser que celles de Toni Cecchinato et Nicole Colchat. Dario Fo (de son vivant) et ses ayants-droits agissent exactement comme celles et ceux contre qui Dario Fo hurlait quand il s’agissait pour lui d’adapter Brecht.

Nous n’avons pas les moyens de payer de nous payer un avocat…pas les moyens de lutter contre les puissants. Il ne nous reste plus qu’à essayer de sauver la Compagnie qui a investi beaucoup d’argent dans cette création…

Création 2019                               
Tout public, à partir de 10 ans
Durée : 40 min

Texte : Dario FO et Franca RAME
Mise en scène : Eric VANELLE
Avec : Laetitia BOS et Eric VANELLE
Vidéos : Laetitia BOS et Eric VANELLE 
Lumières : Adrien POUSSOU

Une femme, séquestrée chez elle par un mari jaloux, dévoile son quotidien à sa nouvelle voisine de fenêtre. Farce délirante et féroce contre les violences faites aux femmes, ce texte emblématique écrit il y a près de 40 ans n’a pas pris une ride.

Comment se fait-il que, 40 ans après son écriture, Une Femme seule reste d’une aussi criante vérité ? Pourquoi, alors que beaucoup « savaient », rien n’a été fait ou si peu ? Comment se fait-il qu’en France, en 2018, une femme soit victime de violence sexuelle toutes les 55 secondes et qu’il faille décréter une grande cause nationale pour tenter de l’éradiquer ? Pourquoi a-t-il fallu si longtemps ? Est-ce que l’apparition du monde connecté qui est le nôtre participera à accélérer un changement aussi urgent que nécessaire ? Le partage constant d’informations, de vidéos, d’images fait-il de nous de futurs acteurs d’un changement ou de simples voyeurs modernes et passifs ?

 

Soutiens et partenaires 
Région Occitanie, Département de la Haute-Garonne, Ville de Toulouse, Association l’Écluse, Théâtre du Grand Rond (Toulouse), Le Grain à Moudre (Samatan), Le Tracteur (Cintegabelle), Centre culturel Alban Minville (Toulouse), Espace Roguet (Toulouse)

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